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i knew you were trouble when you walked in ━ alekseï

Eva Orlov
Eva Orlov
i knew you were trouble when you walked in ━ alekseï Tumblr_ngrtakXpXN1tk6zn5o2_500
2015-11-06, 22:10

i knew you were trouble

La journée avait été longue - nul doute que la soirée le serait encore plus.
T'avais pris ton poste à vingt-deux heures tapantes au bar de seconde zone dans lequel tu travaillais ; déjà deux heures que tu servais verre sur verre à un ramassis d'ivrognes avec toute la bonne volonté d'un condamné à mort - ce boulot, clairement, il t'emmerdait. Qu'ce soit l'infernale playlist qui tournait perpétuellement en fond sonore, les clients un peu trop vindicatifs ou les coups d'oeils qui s'voulaient subtils à ton décolleté ; tu voyais venir le moment où ta patience allait finir par s'épuiser & où t'enverrais valser plateau cocktails & tables dans la tête du pauvre type qui aurait eu l'malheur d'avoir fait déborder le vase - au vu d'ton mauvais caractère, ça ne saurait que trop tarder. En attendant que ça tourne au drame, tu t'contentais d'esquisser une ribambelle de sourires hypocrites à tous les poivrots qui venaient s'affaler sur le comptoir - t'avais un mouvement de recul à chaque fois, de peur que l'un d'ces vieux débris ne t'effleure. Parfois, tu laisses traîner une oreille distraite histoire d'choper un bout de conversation ; c'est toujours la même rengaîne toujours les mêmes histoires ; celles d'un amour déçu ou bien celles d'un regard d'travers - malgré tout, ça a le mérite de t'distraire un peu. & puis vient l'moment de la soirée où passe la seule chanson qu'tu supportes sur cette putain d'playlist ; alors tu t'laisses aller à quelques mouvement de hanches lascifs quand personne n'te regarde ; de loin, on dirait presque que tu t'amuses - ah, si seulement.

Il est minuit passé quand une énième silhouette se profile dans l'encadrement d'la porte ; sûrement qu'ce type là s'est entamé ailleurs puis qu'il vient s'finir ici. Tu jettes un coup d'oeil circonspect aux boiseries douteuses qui courent le long des murs & tu t'dis que décidément, c'est pas l'genre d'endroit que tu choisirais pour venir noyer l'chagrin dans l'alcool - c'est plein d'tâches sur les murs puis plein d'tâches tout court aussi ; c'est un mot qui convient assez bien pour décrire l'état d'tes clients, tâche. Puis tu secoues la tête, & tu lèves les yeux vers l'nouvel arrivant ; il a eu l'temps de se frayer un chemin jusqu'au comptoir & il t'regarde lui aussi - & tu l'connais, c'type-là ; dieu sait que t'avais pas franchement envie de le voir.

- Alekseï. A croire que le ciel m'en veut, ce soir, tu soupires d'un air terriblement las, après quelques secondes de flottement. Qu'est-ce que j'te sers ? t'ajoutes presque à la hâte - comme si tu venais d'te souvenir que tu lui devais ne serait-ce qu'un minimum de politesse.

Alekseï. T'aurais des milliers d'choses à dire sur c'type & pourtant t'en sais si peu - mais tu pourrais passer des heures à l'maudire, lui & sa putain d'obsession pour le mystère. La première fois qu'il a mis un pied dans l'bar, t'as pas pu t'empêcher de le remarquer - t'avais trouvé qu'il faisait tâche au milieu de tout c'beau monde ; comme s'il valait mieux que tes clients misérables qui venaient se perdre dans ce bar dieu seul sait pourquoi. Pourtant, il avait bien la tête de l'emploi ; la mine renfrognée les cheveux en bataille & l'air franchement désagréable - instinctivement, il t'avait déplu. L'air de rien, tu lui avais posé toute sorte de questions banales à en crever ; histoire de cerner l'personnage - puis quand t'avais voulu vérifier s'il te mentait ou pas, néant. T'avais retenté l'expérience deux ou trois fois, puis t'avais fini par comprendre - il te contrait, tout simplement. Va savoir pourquoi, ça t'avais mis dans une colère noire ; t'avais essayé d'pas le montrer, mais nul doute qu'il avait remarqué qu'il te tapait sur les nerfs - depuis, t'avais l'impression qu'il en jouait. Pour toi, c'était devenu une obsession - pourtant, dans l'fond, t'en avais rien à foutre de c'qu'il pouvait bien trafiquer d'ses journées ; mais c'était le fait de pas savoir : ça te frustrait terriblement. Depuis, t'essayais inlassablement d'le mettre en échec ; lui, de son côté, prenait sans doute un malin plaisir à déjouer tes petites tentatives.

- Alors, encore là pour me narguer ? J'vais finir par croire que tu peux plus t'passe de moi, mon grand, tu lui lances, le tout accompagné d'un sourire mauvais.

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Anonymous
Invité
Invité
2015-11-13, 16:44
ft. esperanza
MUSIQUE ▬ Encore une fois, il quitte son appartement sans trop savoir où il se dirige ; il ne sait aucunement vers où ses pieds sont en train de le guider, l'Irlandais s'en fiche, ça ne l'intéresse plus ; en vrai, ça ne l'a jamais intéressé. Il vivait ainsi depuis bien des années, au jour le jour, sans se prendre la tête sur ce qu'il devait dire ou faire ; il faisait ce qu'il avait envie de faire, il vivait comme il l'entendait ; mais Equilibrium le retenait, au sein de cette société, il n'arrivait pas à trouver de liberté. La clope suspendue au bec, il avance, quitte Velvey, quitte son havre de paix éphémère et se dirige sans trop savoir pourquoi vers Andromeda ; c'était étrange comme sentiment, cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas ressentit ; peut-être trois semaines à tout péter. T'étais complètement dans ton monde, les passants changeait de route, évitait ton regard. Il marche, lentement, mais sûrement. L'Irlandais n'était pas pressé, il ne l'était jamais, et ce, depuis l'enfance. Il avait parfois cette impression que plus rien ne le retenait, qu'il n'avait pas d'entrave, qu'il pouvait faire tout ce qu'il voulait ; c'est fou ce que tu peux te bercer d'illusions Alekseï. T'es loin d'avoir aucune entrave, t'es loin d'être libre, loin d'avoir le monde dans le creux d'ta main.

Il marche, encore et encore, sans but ; en tout cas, pas de but encore définis. La sonnerie de son téléphone retentit une, deux, trois fois, peut-être plus ; mais Alekseï ne l'entendait plus, complètement dans les tréfonds de son esprit, dans un monde où rien ne pouvait le contraindre à quoi que ce soit. La fumée de sa cigarette le transporte, le rend un peu amorphe ; telle de la morphine, elle lui anesthésie le cerveau en douceur ; petit à petit. La sonnerie de son téléphone le tire de sa douce torpeur ; qu'il s'empressa d'éteindre pour retourner de là où il venait ; son esprit. La soif commence à lui ronger les entrailles ; mais pas n'importe quelle soif. Pas une soif de sang ; aucunement. Il avait juste soif, soif d'alcool ; soif d'une ambiance qui le calmerait, qui l'aiderait à ne pas succomber à on ne sait quel plan foireux.

C'était peut-être pour ça que ses pas l'avait guidé vers Andromeda ; il savait très bien où il allait ; l'Irlandais avait déjà pris sa décision en soit. Avançant doucement, il ouvre la porte sans un mot et se dirige alors tranquillement vers le comptoir. Des déchets partout, des déchets humains. En tant que grand amateur d'alcool, il le savourait et se retrouvait rarement dans le même état que les autres énergumènes qui polluait ce bar de leur remarque et de leur regards indécents. Les fesses scotchées au haut tabouret du comptoir, la jeune femme s'approche de lui ; elle élève la voix, apparemment un peu blasée de le voir. Normal en soit, tu prenais vraiment un malin plaisir à l'agacer, hein Alekseï ? Alekseï. a croire que le ciel m'en veut, ce soir, qu'est-ce que je te sers ? C'était là une excellente question ; il ne savait pas vraiment ce qu'il avait envie de boire ; c'était une première. Esperanza. Une femme comme on en voit peu, une femme charismatique, mais un tant soit peu étrange, qui ne semblait pas apprécié le fait que l'Irlandais soit un mystère. Il s'était petit à petit habitué à venir ici, à tenter de la connaître et de la comprendre et le pire dans tout ça, c'est qu'il n'avait pas vraiment compris pourquoi. Elle t'intriguait, ça s'était une certitude.

Se massant la nuque, il lâcha alors après avoir foutu une de ses mains dans sa poche et posé l'autre sur le comptoir. « Un scotch, sec, avec des glaçons ; tu seras gentille ma belle. » Parfois, Alekseï osait un peu trop ; peut-être que c'était tout le temps le cas en fait, fallait dire que le fait de pas se poser de questions le foutait parfois dans des situations qu'il ne voyait que très rarement venir. Un peu comme un poing en pleine poire. Alors, encore là pour me narguer ? J'vais finir par croire que tu peux plus t'passe de moi, mon grand. Toujours la même hein ? Cette nonchalance, cette façon de choisir ses mots ; elle ne changerait certainement pas. Elle ne pouvait pas lire en Alekseï et c'est ça qui l'agaçait et lui, il en jouait ouais. Pour une fois qu'il était venu sans aucune mauvaise intention ; juste une envie de boire dans un bar sympa ; bon sans les autres déchets ça aurait été sans doute plus sympa. « Je sais que tu aimerais être le sujet de toutes mes pensées ; mais malheureusement, je ne suis pas venu pour jouer à ce petit jeu. Juste profiter d'un bon verre. » Venant de lui, ce n'était pas crédible, pourtant, il avait lâché sa phrase avec une nonchalance et une indifférence quasi-totales. Un sourire en coin vint apparaître furtivement sur ses lèvres. Il jonglait d'une émotion à une autre afin de la perdre dans les limbes ; de la perdre dans son antre ; Alekseï voulait lui montrer qu'il contrôlait la situation. « Journée difficile ? J'imagine que ça n'a pas dû être facile avec certains, hein ? » Y'en a qu'il connaissait de vue, des habitués comme lui ; mais des habitués bien chiant ; la loi de l'emmerdement maximum. Ils étaient bruyants, draguaient les minettes avec ou sans leur consentement, faisaient ce qu'ils leur plaisaient sous prétextes qu'ils étaient déchirés. Un soupir et le regard qui se perd dans le vague. « Si t'as besoin que j'en vire un à-coup de pied au cul, hésite pas à le faire savoir. » Pourquoi se montrait-il avenant tout à coup ? Bonne question ; très bonne question.  


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