i find peace in the rain - MORPHINE

CLOSER • Un entretien, une rencontre qui chamboule le quotidien ; des retrouvailles qui pourraient en intriguer certains ; mais pas les deux principaux intéressés. Qui se trouve en face de toi Morphine ? Tu n'en sais rien...

Une femme sur un canapé défoncé qui émerge, la tignasse blanche obstruant sa vie alors qu'elle tente de chopper son portable sur la table basse tout en écartant le chat de son bide. Il était l'heure pour la demoiselle de se lever et d'aller prendre une douche ; aujourd'hui, elle avait un rendez-vous ; et pas avec n'importe qui... Avec quelqu'un qu'elle connaissait de longues dates. Marshall Strickland, il ne devait pas en exister quatre-vingts mille sur Equilibrium... Ou peut-être que si. À vrai dire Morphine n'en savait rien, mais elle préférait l'option numéro une ; que ce soit bien lui, qu'il soit bien vivant et en bonne santé. Peut-être se tromperait-elle, mais la jeune femme ne voulait se faire à cette idée.

Se dirigeant vers la salle de bains, ce fut à coup de gel douche et de shampoing qu'elle lava son inquiétude et ses doutes. Ne pas y penser, ce rendez-vous était pour un entretien d'embauche, pas de quoi paniqué, pas de quoi sombrer dans le passé. Svea était morte, Morphine subsistait, c'était cela l'unique vérité. Au fond, peu importe que ce soit bien Marshall, bien son Marshall, elle devrait faire avec ; faire celle qui ne savait pas, celle qui ne comprenait pas... Ou plutôt celle qui n'acceptait pas. Douche éclair finie, l'épreuve fut de sécher sa tignasse éperdument longue avant d'enfiler un jean noir, un tee-shirt blanc basique, sa veste en cuir et ses escarpins. Autant faire bonne impression ; c'était le moment de faire des efforts. Yeux bleus maquillés de noir, cheveux ondulés bien coiffé, elle était prête. La demoiselle dépose un mot sur la table basse après avoir débarrassé son bazar à l'attention d'Emily, s'accorda une caresse à Kiara avant de lui donner ses croquettes et de sortir.

Le métro, elle détestait ça ; les gens ne pouvaient s'empêcher de la fixer, de lui parler ; ce n'était pas déplaisant, mais pas vraiment sa tasse de thé non plus. Morphine était loin de savoir comment s'y prendre avec ce genre de choses ; et c'est nombreux pseudo ne l'aidait pas des masses. Des gens qui connaissent son visage grâce aux photos de certains magazines ou affiches placardées en ville ; c'était pesant, un peu inquiétant aussi... La grande place d'Andromeda, l'endroit où elle devait descendre.

C'est en sortant du métro que la jeune femme se rendit compte qu'il pleuvait à torrent. Une cigarette coincée entre ses lèvres roses, pas de capuche, pas de parapluie ; super l'apparence... Et pas l'espoir de se transformer en fumée pour atterrir au rendez-vous au sec, la fumée disparaît avec l'eau. Morphine ne le sentait pas, pas du tout. Avançant en silence, la demoiselle peut désormais voir le salon de thé et son enseigne. Un homme assit en terrasse, à l'abri de la pluie ; le seul qui ne soit pas à l'intérieur... C'était lui, pas de doute possible. La voilà qui s'approche lentement, dans une démarche qui n'appartenait qu'à elle avant de se planter devant lui, devant la chaise vide qui n'attendait qu'elle.

━ Marshall, je suppose ? Le patron du Casino ? Cigarette qui finit écrasé dans le cendrier, la jeune femme tira la chaise vers elle, avant de s'y asseoir et de poursuivre. Je suis "Morphine", celle qui vous à adresser ce courrier. Enchantée.

De ses mains, elle écarte ses cheveux de son visage avant de les attacher en un chignon improvisé, de retirer sa veste en cuir trempé histoire de se mettre un peu plus à l'aise.

━ Je suis navrée pour le retard, comme vous pouvez le voir, il pleut des cordes. Une main logée sur sa nuque, de l'autre, la jeune femme attrape la serviette à côté du café de l'homme afin de s'essuyer un peu le visage. Alors... Par quoi commençons-nous ?

Sourire angélique sur sa face habituellement ravagé ; elle ne sait pas, elle ne sait plus. Il ne ressemble en rien au gamin qu'elle a connu, si ce n'est pas son Marshall, ce n'est sans doute pas plus mal. Son œil manquant, sa prestance, cet homme était... Intriguant ?

STRANGER • Ils étaient face à face, mais l'un comme l'autre étaient différents. Ils ne le savent pas, mais ils se connaissent... Ils l'ont juste oubliés, sont devenu des étrangers. Le temps à passé, beaucoup trop de temps à passé & rien ne peut le faire remonter.

"Enchantée, Morphine. Marshall Strickland est mon nom et en effet, je suis bel et bien le patron du casino Slayer-N." Il n'avait même pas besoin de le préciser, sa prestance parlait pour lui. Coudes posés sur la table et mains jointe devant le visage, Morphine attend, elle attend patiemment tout en ne détachant pas son regard sur son interlocuteur. Son identité, cela ne pouvait pas être une coïncidence ; elle n'arrivait pas à y croire, tout simplement... Un de ces ancêtres ? Apparemment ce n'était pas rare de rencontrer ce type de problèmes. Le serveur approche et elle demande un cappuccino en arborant l'un de ses plus beaux sourire avant de reporter son attention sur, peut-être, son futur patron.

"Pourquoi vouloir travailler dans mon casino, alors que vous devez sûrement être mieux payée en tant que jeune mannequin ? Je ne dis pas que c'est mal, au contraire. J'apprécie beaucoup les belles femmes de votre genre. Cependant, je ne comprends pas vos intentions. Dites m'en plus, Morphine."

La surprise ? Ouais, c'était bel et bien l'expression que son visage était en train d'arborer, cela ne faisait aucun doute. Pourquoi vouloir y travailler ? C'était une question piège, sans l'ombre d'un doute. Il apprécie les femmes de son genre ? C'était sans doute loin d'être le Marshall qu'elle connaissait ; son Marshall, lui, c'était plutôt un mec pas doué avec les nanas, violent, un peu agressif ; mais dans l'fond pas si méchant. Lui, ne semblait être qu'un beau parleur. Un sourcil est arqué, elle jauge la situation de son regard avisé ; Morphine ne sait pas quoi en penser ; alors c'est dans le silence oppressant coupé par les perles de pluie qu'elle cherche ses mots. Son cappuccino arrive, elle touille après y avoir déposé un sucre et après une gorgée, elle daigna enfin répondre.

━ Voyez là une raison de peaufiner mon C.V ? Grand sourire, presque charmeur, comme elle en avait l'habitude avant d'émettre un petit rire et de continuer sur sa lancée. Désolée pour la blague. Pour être honnête, je ne veux pas seulement vivre de mon "image" si vous voyez ce que je veux dire ? Mannequin est bien payé, je vous le conçois, mais vendre mon apparence, ce n'est pas ce que je veux. J'ai besoin d'un contact social, c'est le genre de boulot qui m'intéresse et je me dis que... Elle s'arrête, jaugeant le pour et le contre de son impudence. On lui avait toujours dis que le culot marchait, alors autant ne pas avoir peur, autant montrer quel genre de femme elle est. Mon image pourrait peut-être vous profiter justement. Je ne pense pas que votre Casino ai besoin de moi pour fonctionner, loin de là ; mais je pense que mes contacts pourrait vous être utile.

Morphine osait peut-être un peu trop ; mais elle était comme ça. Narcissique, usant de toutes les méthodes possible pour parvenir à ses fins. Une nouvelle gorgée de cappuccino se glisse dans son gosier alors qu'une cigarette vient se loger une nouvelle fois entre ses lèvres rosées.

━ Et rajoutons à cela que vous êtes plutôt bel homme ; ça changerait des pervers avec qui je travaille. A moins que vous ne soyez vous aussi un pervers ? Elle s'autorise une blague, preuve qu'elle n'avait sans doute pas froid aux yeux... Il ne fallait cependant pas oublier que c'était là un entretien d'embauche. Désolée, ce n'est pas le moment de "blaguer" je suppose, voyez là un signe de stress que je n'arrive pas à contrôler.

Quelle menteuse. C'était juste son tempérament naturel... Pourquoi ne pas dire la vérité après tout ? Il le verrait bien vite s'il se retrouvait à bosser avec elle. Mais voilà, ce n'était pas encore fait, pas encore décidé ; peut-être allait-elle devoir lutter pour sa place.