Juste un sourire ♦ ft. Redwood

« Ok, maintenant prenez à droite, le passage devrait être libre. » Les ordres de l'Odin posté au QG vous parvenaient dans votre oreillette, ton coéquipier et toi. Vous les exécutez, sans vraiment réfléchir. Après tout, c'est votre boulot de valkyrie. L'Odin doit vous donner les indications pour livrer le message en toute sécurité, sans vous faire prendre par le Ragnarök. En principe, le chemin qu'il choisit est sans danger, mais ce boulot est risqué. Etre au Valhalla ne signifie pas courir simplement dans des passages incongrus, comme ces ruelles étroites et sombres d'Andromeda. Il faut risquer sa vie pour livrer un message. En soit, vous êtes juste des facteurs de l'extrême. Bon certes, illégaux, mais votre travail n'est pas mauvais. Qui le ferait sinon à part vous ? C'est ce que tu recherchais en postulant pour Valkyrie : courir, rouler, glisser, voler à toute vitesse dans Equilibrium à tes risques et périls, ça t'exalte. Droguée à l'adrénaline comme on pourrait l'être avec la nicotine, tu aimes jouer avec le danger et faire des coups de folies avec les sensations fortes. C'est avec le sourire que tu cours, oubliant même que tu as un corps qui peut avoir ses limites. Ta témérité et ta naïveté te font complètement oublier le ressenti de tes muscles mis à mal. Tu sembles être une boule d'énergie sur pattes, ne t'épuisant jamais, ne te lassant pas des courants d'air qui caressent ton visage.

Par contre, ton coéquipier commence à peiner. Ses halètements ne sont qu'un bruit de fond et tu n'y fais pas attention. Tu avances joyeusement et gaiement, c'est tout ce qui t'importe. « On peut ralentir hein ? On ne tiendra pas à ce rythme... » Tu ralentis le train, même t'arrêtant, car c'est ce qu'il voulait. Il pose ses mains sur les genoux et reprend son souffle. « Bon dieu, je savais que tu étais réputée pour ton endurance, mais je ne m'attendais pas à ça ! Tu es plutôt étonnante ! » Tu agrandis ton sourire, plutôt fière de toi. « Hi hi, merci ! » C'était la première fois que tu travaillais dans cette équipe. Le valkyrie que tu remplaces est pour le moment invalide, fracture du tibia il paraît. La raison ? On ne te l'a pas communiqué. Mais sûrement un coup du Ragnarök, ou alors une chute. Ça arrive dans le métier. L'oreillette grésille avant d'entendre la voix de l'Odin : « Hé oh, c'est pas le moment de traîner, vous savez que c'est pas la porte d'à côté le point de rendez-vous ? » Un instant de silence, et le temps que vous repreniez votre course, il reprend la parole : « Attendez ! Je me disais aussi que c'était trop calme... Ces chiens ont voulu baisser notre garde à ce que je vois ! Bref, ils sont pas loin, même ils s'approchent de vous. Tss, c'est pas bon ça, vous risquez d'être encerclés. » Tu regardes autour de toi. Les ruelles étroites entre les bâtiments les plus anciens d'Equilibrium ne laissent pas beaucoup d'opportunités à ceux qui sont piégés. C'était prévu que ce soit l'endroit le plus risqué, mais il raccourcit énormément le trajet, qui est déjà bien long. Et puis, vous n'étiez pas censé vous y attarder. « Ils arrivent par les bâtiments qui sont devant vous, préparez-vous. » Tu regardes ton coéquipier sans quitter ton air joyeux et innocent, comme si cette situation ne te faisait ni chaud ni froid. En fait tu ne crains pas le Ragnarök. Tu es persuadée qu'il y a un moyen pour que cette guerre entre vos groupes cesse. Car tu penses qu'elle n'a pas lieu d'être, et qu'un jour, tous se rendra compte de cette réalité. Tu as des pensées extrêmement optimistes que les autres ne peuvent pas vraiment comprendre, mais peuvent au moins l'espérer. « Je te propose qu'on se sépare, l'un avec le message, l'autre pour faire diversion, on pourra diviser leurs forces comme ça et avoir une chance de délivrer le message sans encombre. » Le valkyrie semble hésiter mais l'Odin te donne son accord.  « On n'a pas vraiment le choix, avec ce genre de terrain, on n'est pas avantagé. Autant être malin, et advienne que pourra ! Bonne chance donc, je reste à votre disposition et continuerai de vous guider. N'éteignez votre oreillette qu'en cas d'urgence. »

[...]

Tu t'étais séparé de ton coéquipier en prenant une ruelle à droite. Le chemin de base est donc complètement chamboulé, et il faut faire appel à ton sens de l'orientation et ta mémoire visuelle pour imaginer une carte... Sauf que les deux sont quasiment inexistants chez toi. Tu oublies facilement de tout, et t'appuyant énormément sur la présence de l'Odin, tu ne juges pas nécessaire d'apprendre par cœur les cartes. C'est barbant contrairement à galoper dans toute la ville. Tu actives les roues sous ta semelle, les utilisant comme des rollers. Tu vas bien plus vite ainsi, et espère ne pas te faire attraper par un Ragnarök... ou pas. En fait tu t'en fiches, tu peux très bien te transformer en colombe et t'enfuir comme si de rien n'était. Mais les sensations sont différentes sous forme de volatile qu'avec un corps humain alors autant en profiter le plus longtemps possible. Ton sourire ne quitte pas tes lèvres, même s'élargissant au fur à et mesure que tu prends de la vitesse. « Tout va bien de ton côté ? J'ai du mal à te voir sur la carte, y'a des interférences avec le système de localisation. » « Impec' chef ! » « Ok, n'en fait pas trop quand même. » Devant toi, la route semble se couper avant de reprendre en contre bas. Tu ne vois pas ce qu'il y a dans cette coupure par soucis de perspective. Tu n'y fais même pas attention et prend de l'élan de plus belle, avant de bondir dans les airs en lançant un « Yahou ! » manquant de discrétion, avant de s'éteindre dans un bruit mat suivi d'une chute de débris et d'un nuage de poussière. Tu avais lancé un « Humpf » pas du tout classe, ton souffle coupé par la chute. Qui aurait pensé que ce contre-bas était utilisé comme décharge de cartons et autres ustensiles ménagers usés ? Tu pensais retrouver tes appuis et continuer sur ta lancée, mais avec tes pieds empêtrés dans des fils et le reste de ton corps enfoui sous des cartons, difficile d'avancer. Tu écartes un carton pour retrouver un peu d'air et tousse, vidant tes poumons de la poussière que tu avais inspiré. Tu avais peut-être pris de l'avance sur les soldats qui te poursuivait, mais là c'est vite rattrapé. Tant pis, tu les accueilleras en les saluant amicalement, en leur présentant un sourire, comme tu le fais habituellement !

juste un sourire

« Oy, ça va ? Tu bouges plus sur ma carte... » Tu poussais un carton du bout de ton pied lorsque la voix de l'Odin posté au QG se fait entendre. Te libérer de là n'allait pas être facile : comment en tombant simplement, on se retrouve emmêlé dans des fils, comme si on s'était entortillé dedans volontairement ? Tu aurais pu être affolée, en panique de savoir que tu es coursée par le Ragnarök, mais non. Tu restes calme et essayes de trouver une solution pour te libérer de ce casse-tête géant. Oh bien sûr, il existe une solution très simple pour t'en sortir. Tu pourrais simplement te transformer en colombe et voilà, plus aucun soucis (philosophie ! Hakuna Matata ♫). Et encore une fois, c'est non. Stupide ou trop naïve, ou bien les deux, qui sait ?

Tu sens une présence qui ne perd pas de temps à s'afficher dans ton champ de vision. Un homme de grande taille, brun, vêtu de rouge s'accroupissait non loin de toi. Un sourire était dessiné sur ses lèvres, mais pas comme celui que tu fais habituellement. Celui là était plus malsain, reflétant les intentions sadiques du nouveau venu. Ragnarök. Ainsi tu t'es fait avoir ! Enfin ce n'est pas une surprise : en tombant dans cette décharge, tu pouvais difficilement espérer que les soldats fassent gentiment demi-tour. Tu étais tombé dans un piège que tu t'es toi-même fabriqué. Tu t'étais donné sur un plateau d'argent. Stupide, comme le fait si bien remarquer le soldat. Tu lui réponds simplement par un sourire d'une gentille innocence, avec un air de "tant pis". Tu ne prends pas au sérieux la situation dans laquelle tu es et préfères jouer sur l'auto-dérision. « Désolée de ne pas avoir été une adversaire plus coriace, sans la décharge la course aurait durer plus longtemps. J'ai encore de l'énergie vous savez ! » Comme pour accentuer tes propos, ton sourire s'élargit. Aucune méchanceté n'émane de toi, plus une innocence enfantine, une joie de vivre que tu gardes peu importe la situation.

Un son strident et aiguë sort de ton oreillette et te fait grimacer de douleur. « ... s'est fait avoir... courir... toi ? » Quelques mots parviennent à tes oreilles parmi ce brouhaha de grésillements. Sans réfléchir davantage, tu éteins le dispositif qui te casse le système auditif au point d'en avoir des migraines. Encore un geste complètement idiot, qui peut mettre ta vie en péril, car sans l'Odin, tu n'as pas de guide et tu dois te débrouiller seule. Mais tu réfléchis plus à l'instinct et là tu n'avais qu'une envie, éteindre ce bruit affreux. C'était sans doute important. Avec tout ce bruit, tu avais à peine entendu les propos du soldat. Mais tu en avais assez écouté pour comprendre que ton partenaire du jour s'était fait prendre. « Bah il était déjà fatigué c'est pour ça ! » Tu hausses les épaules, comme si ça ne te faisait rien, complètement désintéressée. Tu le prenais vraiment pour un nul pour le coup. Tu étais encore en pleine forme, vous auriez pu ne pas vous arrêter ! Enfin tu critiques, mais pour le moment, tu ne sembles pas plus intelligente. Tu essayes une nouvelle tentative pour te dépêtrer de la décharge, mais tu as l'impression de plus t'enfoncer et t'épuiser pour rien. Tu fais une mine boudeuse, presque agacée de ne pas réussir à te sortir de ce tas de débris avant de regarder le soldat. Un sourire gêné et timide s'affiche sur tes lèvres. « Euh... Vous pouvez m'aider ? Ce sera plus facile de m'emmener à votre poste sans toute la décharge non ? » Et tu sors ça si innocemment, comme si tu te rendais vraiment. N'as-tu pas conscience qu'il s'agit d'un ennemi ?

juste un sourire

Contre toute attente, il brise son oreillette. Ah lui aussi il en a marre des grésillements ? Vous voilà bien tout les deux : seuls sans moyens de communiquer avec vos alliés. Ca ne fait qu'élargir ton sourire. Au moins vous seriez tranquille et il n'y aura pas une armée de Ragnarök à tes trousses ! Mais qui sait ce que cet individu a en tête...

Ses menaces ne t'atteignent pas. Inconscience ? Sans doute. Tu avais toujours flirté avec le danger et quand la tension montait, ta témérité ne faisait qu'augmenter. Le désespoir, la peur, se sont des sentiments que tu ne connais pas, ou du moins tu les as rarement vécu. Tu es trop optimiste, téméraire et naïve pour penser ainsi. Alors, tu ne réagis pas à ses mots, te faisant simplement attraper telle une poupée de chiffon, et tirer hors de la décharge. C'est qu'il est fort ! Tu as l'impression de ne peser que le poids d'une plume. Bon, c'est peut-être vrai aussi, tu n'es pas bien grande et pas très grosse non plus. Il te jette au sol, et tu ne retiens pas une grimace de douleur. Pourquoi tant de violence ? Enfin, tu n'as rien de trop grave, la douleur n'a été que passagère. Puis vient le moment où il emprisonne ta cheville de son pied, t'empêchant de te relever. Tu ne lui montres pas ta douleur. Pourquoi fait-t'il ça ? Tu ne comprends pas vraiment. Tu n'allais pas t'échapper pourtant. Du moins pas tout de suite. Tu voudrais juste lui parler, essayer de t'entendre avec un Ragnarök. Pensée innocente...

Tu pensais qu'il allait suivre le protocole habituel : t'emmener dans leur QG, t'interroger sur ta destination, ton but, le contenu de la lettre, te demander de balancer tes collègues... Mais non. Il te propose un défi. Ton attention est maximale. Ainsi il te donnait une chance de t'en sortir ! C'est bien le premier à faire ça. Surtout qu'en plus, courir, s'enfuir et disparaître, c'est ton point fort. Tu as confiance en tes capacités. Tu lui fais un grand sourire. « J'accepte votre défi ! » Tu te relèves, enfin libérée de son emprise.

Ton sourire devient malin, tes yeux prennent une lueur malicieuse. Tu étais confiante sur ce coup là. Tu n'allais pas te faire avoir encore une fois. Tu allais être sérieuse sur ce coup là et montrer tes vraies capacités. D'autant plus que tu as toujours une solution de secours : ton pouvoir d'Altered. Tu n'as aucunement l'intention de te laisser attraper. Ce sera peut-être lâche, mais tu sais que trop jouer avec le feu peut causer ta perte. Ton instinct de survie prendra le dessus forcément.

Tu te prépares, lui lance un regard, avant de lui lancer. « Dans ce cas, bonne chance ! » Et tu pars à toute vitesse droit dans la rue, tes chaussures en mode roller toujours activée.

Il fallait t'éloigner le plus vite possible et le semer en prenant des chemins incongrus. Ta trajectoire change sans cesse. Tes sens en alerte, tu évites les obstacles pour ne pas retomber dans une décharge par exemple. Ce défi, tu le prenais avec grand sérieux, et avec clairement l'intention de le gagner.

juste un sourire