elle est dite
anthée parce qu'elle cadenasse ses lèvres d'un seau qu'elle a bien du mal à arracher. mademoiselle taille au couteau des sourires sur les joues des reines délavées. elle est comme une princesse aux traits harmonieux et aux manières innocentes, presque trop onirique. elle est fausse. l'allure pimpante, elle resplendit du haut de ses
17 cuvées.
ses sobriquets
heaven ou
la guivre — sa sale gueule d'ange — ravivent les teintes bistrées iridescentes qu'on retrouve sur bon nombre de ses tenues augustes.
sa sirupeuse
féminité s'argue par la longueur de ses cheveux de ses cils oh ses douces ailes vierges.
anthée c'est un un bonbon un peu beaucoup acide, qui pétille sur la langue et qui te démonte le
cerveau. elle est la fille des
citoyens, issue d'une lignée éternelle, pérenne. elle est une
russe.
elle scarifie, elle crache sur les tombes de ses émules de son feu brûlant de passion un feu de dragon c'est la
lame émoussée, elle est les crocs elle est les griffes elle est
l'animosité qui agrippe.
c'est une
altered, c'est une
archange. elle n'a pas de religion, pas d'attaches. elle est l’ultra-violence des battements d'ailes qui plument.
mais on veut la protéger, on veut la protéger pour son simple regard et parce que les aléas de la vie lui font peur -c'est une
force de la nature.
qu'elle est belle anthée on dirait une antique fresque d'une reine aux plumes négligées. tu n'es qu'un pauvre papillon aux papilles explosives. une fausse sainte tachetée du noir de la perfection. anthée, n'es-tu pas si désirable ? si haïssable, plutôt. avec tes rires discrets, tes mains d'enfant, ton sourire doux et ta bouille séraphique; tu les fixes ardemment, toujours les sourcils froncés. Un voile pâle, une peau qui s'avère éthérée, poupine. des lèvres roses et pleines, des yeux écarquillés irrémédiablement rouges et tristes. anthée elle est comme un ange elle a les pennes elle a l'allure -ses cheveux entourent son faciès poupin d'un halo blond, les baisers du soleil caressant sa peau diaphane. tu es scintillante d'une lumière aveugle.
{son regard est rivière son visage est soleil elle est natura}
enfermée dans une coquille porcelaine ; ta vie est une bataille sans fin et à chaque fois que tu penses avoir une trêve, on te tire dessus. s'il y a une lueur d'espoir, c'est seulement le soleil dans tes yeux. tu ploies mais tu ne te briseras pas. c'est vrai que tu es inutile, anthée. tu l'as déjà réalisé, n'est-ce pas? tu sais oui, tu es au plus bas. tu es fausse, derrière tes sourires pleins de dents et tes airs avenants. tu refuses d'assumer la responsabilité de tes erreurs. à la place, tu accuses les autres. tu ne les comprends pas, anthée. Tu ne comprends rien en fait. ni tes peines, ni tes chaînes. tu as une nature dont on aimerait se débarrasser, une nature de princesse empoisonnée. elle a toujours été là, anthée –recouvrant le ciel de son nuage dérobant le soleil à peine croisée de son livide visage, de sa foutue nature de déchetterie. elle s'est lovée dans le rayonnement d'un écosystème, et dans ses yeux brillent pour la brute fois cette envie de faire naître, détruire les empires. les lignées, les décences, les millénaires -elle ramasse les étoiles, les comètes : elle veut donner naissance. elle veut être reine.
parce qu'elle est une reine.
{et sa couronne son trône elle veut manger les hommes, les autres}
tu as cette sale manie d'être égoïste. tout le temps. tu prends tout ce que tu veux et tu dis que ça t'appartient, de tes doigts blafards et de ton regard de princesse. de tes fossettes et tes joues enflammées, tu fais un sourire baigné de fausseté. on a envie d'aller vers toi, lisser ton front soucieux et t'embrasser pour te faire oublier toute ta douleur. tu as la tête lourde, trop lourde et la chevelure qui épouse ton visage est bien trop longue, bien trop longue. on évite de jeter les yeux sur elle comme sur le soleil, mais de même que le soleil, on n'avait pas besoin de la regarder pour la voir.
mais au fond anthée n'est pas une méchante fille vous savez ; elle voulait juste
exister. tu es fracassée, dénudée, déboussolée, désolée ; anthée, et on ne peut rien y faire.
la riche senteur des roses, la fragrance la plus subtile des lilas et la légère brise d'été. le murmure obstiné des duveteuses abeilles et le susurrement insupportable de tes semblables qui t'adressent la parole -tu frissonnes, tu tonnes, tu bouillonnes. tu voulais trébucher à travers les cieux avec ton cœur dans ta poitrine et des nuages qui s'échappent de ton souffle ; tu ne voulais pas de ces parures ou de ces livrées, non tu voulais seulement être délivrée.
« courbe ton bas-dos, tiens-toi droite, baisse tes épaules. »
leurs voix labourent ton visage. tu entendais, tu entendais mais tu regimbais.
tu aurais aimé être comme les autres. tu aurais voulu t'hasarder la tête haute, sans prêter à attention à la mappemonde qui encerclait ton entité stérile et oiseuse.
toujours céleste, toujours irréprochable. tu as bien trop souvent suscité ce que l'on désirait de toi.
sourire était si traitable dorénavant -même lorsque les perles grivoises débordaient de tes prunelles diablement angéliques mais désormais, elles ne coulent plus, tu n'a plus le droit de pleurer.
aucune émotion, tu ne ressens que d'la douleur, la douleur d'être jetée, dropée -lorsque ta peau s'écartèle, lorsque tes nerfs carient, lorsque tes muscles se crispent et que tes pensées macabres prennent tes envies.
tu envoies tes pensées, les sons à la noyade parce que leurs voix ne veulent pas te laisser tranquille.
{tu, tu dois avouer à quel point tu as essayé de respirer de tes poumons fragiles à travers les ordures de cet anathème}
tu n'étais pas pareille, anthée, tu n'y arrivais pas. tu n'étais pas celle que tu étais censée être, tu n'étais pas à ta place. tu es née ici avec un cœur brisé que personne d'autre ne pouvait voir. des fêlures qui ne se dévoilaient pas.
ils s'en allaient, s'évadaient dans leur petit monde rempli de saisons, de châteaux, d'horizons -te laissant ici face à tes songeries assassines.
tu craquais. te voilà cadavre, te voilà esclave, te voilà parsemée de sanglots crépitant dans la pièce éplorée, parfaitement rangée. tu n'arrivais plus à tenir tes serments, tu déplorais comme une enfant.
les murs ornés de satin et des coffres pleins de diamants, d'or. une amorce défectueuse du plus parfait conte.
quelques grains de beauté s'aventuraient malhabilement sur tes pommettes où roulent tes larmes, où s'écoule tout ton mal. tu voulais être bien plus cruelle que ces démons, bien plus forte que leur poison.
{cette famille aux mœurs affreuses, libidineuses -ton cœur était si disparate de leurs cravates}
oh anthée, petite chérie ; ne sois pas sabrée contre les bordures de ce castel isolé, leurs yeux te remplissent de leurs nuages aussi noirs que d'la fumée, leurs maximes sont aussi poignantes que des épées émorfilées.
tu ne supportes plus la personne qui est en toi ; les préceptes, les fièvres qu'ils instaurent en toi, les souillures mortelles, les gueules ignobles.
tu es là, passagère dans un château dont tu ne connais pas les moindres recoins. déjà étouffée par leur orgueil, déjà couvée dans un rêve sans issue possible. ils voudraient faire de toi leur princesse, leur princesse couverte de couleurs sombres, déchirée aux coutures usées de sa robe d'ombres.
{si chaque mot qu'ils t'ont dit aurait pu te faire oublier, te serais-tu relevée?}
tu étais seule, assise sur le lit. tu as arpenté ces lieux pendant des heures et tu te sens vide, si vide. la maisonnée était animée, dans les couloirs ils résonnaient ils grondaient. Alors tes yeux commencent à errer, fatigués, ils ne t'ont plus regardée. ils ne t'ont plus cherchée. ils t'avaient déjà domptée.
hantée hantée hantée
anthée ; fillette perdue dans un monde de souvenirs disséminés, d'une âme violée et rempli de silhouettes déferlées. qu'ils te chantent comme une chorale, qu'ils te gagnent comme une bataille. et putain oui, ils peuvent briser ton cœur mais non ils ne prendront jamais ton âme.
ft. afuro terumi // inazuma eleven.